LES FEMMES d'AVIGNON 2
Angélique-Pétronille de Doni de Vaucluse
Les joues rouge carotte
D’une famille de banquiers originaire de Florence et installée dans le Comtat au XVème siècle, Angélique-Pétronille épousa en 1713 le marquis Anfano Zondodari-Chigi et resta veuve dès l’année suivante. De ses deux sœurs, Marie-Balthazare épousera Paul de Seytres, et Elizabeth le marquis de Caumont, qui fera édifier par Jean-Baptiste Franque l’hôtel occupé de nos jours par la collection Lambert.
En 1735, Angélique-Pétronille retrouva son amour de jeunesse, le séduisant James Butler, duc d’Ormonde. Né en 1665 à Dublin, vice-roi d'Irlande au temps de la reine Anne, généralissime des troupes royales, gouverneur des cinq ports du royaume, grand bailly de Bristol et Westminster, chancelier des universités d'Oxford et Dublin, il était venu s’installer à Avignon où il joua un rôle important dans la communauté jacobite. Il avait alors 70 ans mais les portait avec panache et Angélique-Pétronille devint rapidement sa maîtresse. Elle se mit à tout régenter dans sa maison, lui choisit un notaire irréprochable, fit chasser son intendant parce qu'il le volait, vérifia attentivement les factures des fournisseurs, M. d’Ormonde étant un hôte généreux, et lui trouva un nouveau logement : une partie de l'hôtel de Donis de Beauchamp rue Dorée, proche de l'hôtel de Sade, construit par la famille de Doni en 1503. Le duc d’Ormonde décéda à Avignon à 80 ans.

Faute de portrait d'Angelique Pétronille, en voici un de James Butler par William Gandy
Je n’ai trouvé ni portrait ni date de naissance ou de décès d'Angélique-Pétronille. Bien que décrite par l’une de ses contemporaines comme « une très grande femme, maigre, sèche, noire et rouge carotte sur les deux joues », « qui passe Avignon en revue », et note que « Avignon sera désert quand cette bonne femme là y manquera », elle avait un grand prestige parmi les dames de la bonne société, dont elle était le mentor, sinon le modèle. En tout cas, voilà une femme, restée veuve très jeune, qui sut braver les conventions et imposer son amour pour un homme de valeur.
La collégiale saint Agricol conserve le beau monument funéraire des Doni, la famille d'Angelique, réalisé en 1525 par Imbert Boachon pour Pierre de Doni, époux de Jeanne de Baroncelli-Javon.
Catherine Alix Bongard
Entreprenante hôtelière
Née en 1756 à Orange, elle épousa Etienne Pierron et eut six enfants. La famille vint à Avignon vers 1782 pour tenir l’auberge Saint Omer rue du Limas, où se rendra Bonaparte. Etienne Pierron meurt en 1790 et Catherine prend la gérance de l’auberge du Palais Royal, sur l’actuelle place Crillon. C’est là que le maréchal Brune sera assassiné en 1815 par des royalistes déchaînés, sans que le maire Guillaume Puy ait pu les en empêcher.
En 1799, elle peut acquérir pour 19800 livres, l’Hôtel Amat de Graveson récemment construit à l’emplacement de l’ensemble anciennement réuni par Jean Cadart en 1419, et transmis par héritages successifs aux La Forestié qui l’avaient vendu à Clément de Graveson.

Catherine le fit aménager en hôtel de tourisme qu’elle baptisa de l’Europe avant de l’agrandir par diverses acquisitions alentour. Sa réputation grandit et elle y reçut des hôtes illustres. A sa mort, en 1830, l’hôtel devint la propriété de son fils Antoine Narcisse, qui avait épousé sa propre nièce, Alix Perre (fille de sa sœur Marie Victoire). Il y aura plusieurs mariages consanguins entre les familles Pierron et Perre, des fondeurs de cloches.
Une femme de tête, Catherine Alix, restée veuve à 40 ans avec six enfants, qui sera capable d’acheter une demeure toute neuve à un aristocrate pour en faire un des hôtels les plus réputés d’Avignon. Ce qui est surprenant, ce sont les mariages consanguins dans cette famille : le fils de Catherine épouse sa propre nièce ; leur fille Marie-Rose épouse son cousin germain.
Cependant le record en matière de mariages extravagants à Avignon est détenu par une Madame de Ruth au XVIIème siècle : elle fit épouser son fils aîné d’un premier mariage à la mère de son deuxième mari ; et la fille de ce fils aîné au fils cadet du premier mariage de son mari… Tout ceci « sans dispense et sans inceste ».

La Ratapiole
La rescapée de la Glacière
Née vers 1760, Elizabeth Boyer avait épousé le portefaix Jean Louis Roux. En 1788 ils habitaient rue de la Banasterie et avaient deux filles. Elle était veuve et enceinte en octobre 1791, au moment de l’effroyable « massacre de la Glacière » suite au meurtre de Lescuyer dans l’église des Cordeliers.
Avignon se trouvait toujours sous l’autorité du pape de Rome. Une partie des habitants lui était fidèle, l’autre était du côté des révolutionnaires et partisane du rattachement à la France. La Ratapiole tenait-elle son surnom du temps où elle apportait son déjeuner à son époux dans une banaste ? Rata signifiait le repas de midi et piot un pot de vin.
Elle faisait partie de la foule qui réclamait du pain aux couvents et au grenier de la ville, participait aux assemblées qui demandaient l’abolition des privilèges, fit peut-êre le coup de feu avec les patriotes. Elle reçut même une médaille pour sa « valeur peu commune aux personnes de son sexe ». Mais elle s’était fait une ennemie impitoyable en la personne de Mme Minvielle, une notable avignonnaise dont elle s’était moquée des tenues et des allures sophistiquées.
Quand Mathieu Jouve, dit Jourdan-coupe-tête car il se vantait d’avoir décapité le gouverneur de la Bastille, arriva à Avignon, il était précédé d’une épouvantable réputation de cruauté et de cupidité. Il ne la démentit pas en mettant Avignon sous sa coupe, et fit arrêter la Ratapiole qui lui aurait tenu tête, sans compter la récompense promise par Mme Minvielle pour son assassinat. Enfermée à la tour de la Glacière avec sa fille de neuf ans, Miette, qui n’avait pas voulu la quitter, elles assistèrent aux horreurs qui y furent perpétrées. La Ratapiole fut l’une des rares personnes à échapper au massacre grâce à l’intervention obstinée de la fillette. Elle accoucha peu après sa libération inespérée.
En 1794, devant le comité de Salut public à Paris, elle confronta sans faiblir Jourdan qui fut arrêté et enfin exécuté. Des sources la mentionnent à Montpellier, d’autres à Villeneuve les Avignon, mais on perd sa trace.
L’histoire de la Ratapiole eut un grand retentissement populaire. Jules Michelet la cite dans sa monumentale Histoire de la Révolution française, ainsi qu’Ernest Daudet (frère d’Alphonse Daudet) dans son livre Les soixante et une victimes de la Glacière (1869). Elle connut une gloire nationale, quoique éphémère, grâce aux colporteurs et aux romanciers, et on possède les procès-verbaux des trois témoignages qu’elle fut amenée à faire. Lors du bicentenaire de la Révolution, elle fut l’objet d’une pièce de théâtre et d’une association « Les amis de la Ratapiole ».
Voilà encore une femme qu’on aurait bien aimé rencontrer.
Jenny Manivet
Muse trop chaste

Marie-Jeanne Manivet naquit en 1825, place des Trois Pilats, dans un milieu modeste : père maçon et mère ouvrière dans une filature de soie comme il y en avait tant. Marie-Jeanne, qui avait reçu une bonne éducation, devint demoiselle de compagnie au château de Font-Ségugne à Châteauneuf-de-Gadagne, dans la famille de Paul Giéra, l'un des sept primadié fondateurs du Félibrige.
C'est là que Théodore Aubanel, âgé de 21 ans, la rencontra en 1850, et la surnomma Jenny, Zani en provençal. Mistral la décrivit comme « une charmante fille au teint mat, avec des yeux de jais, brillants ». Bien qu'Aubanel et elle soient tombés amoureux, ils n'arrivèrent pas à s'avouer leurs sentiments et quatre ans plus tard Jenny entra au couvent des Filles de la Charité. Aubanel lui même étant un catholique fervent, il renonça à l’en empêcher et transforma son chagrin en passion littéraire. Il publia en 1860 un recueil de poèmes, La mióugrano entreduberto, La grenade entr'ouverte, qui célébrait son amour désespéré pour Jenny. L’accueil du monde littéraire fut enthousiaste, tandis que le père et le frère aîné de la jeune femme tentèrent d’interdire le recueil qui, de toute façon, fut mis à l'index par les catholiques avignonnais outrés. Aubanel en fut très affecté, d’autant que l'imprimerie familiale liée à l'archevêché d'Avignon se trouvait impliquée.
Si la vie amoureuse de Jenny fut d'une rare platitude, sa carrière religieuse fut mouvementée. Elle changea trois fois de nom et dix-huit fois d’affectation, de la Loire à Paris, de Moldavie à Bordeaux. Elle mourut en 1887. Aubanel, bien que s’étant marié, resta inconsolable d’avoir perdu cette jeune fille « bonne, douce, chaste et pure comme une aube ».
Un amour partagé mais resté inexprimé, une timidité probablement maladive des deux côtés, une pudibonderie excessive, le poids d’une religion étouffante prônant sans relâche le goût du sacrifice, voilà les ingrédients pour passer à côté de ce que la vie avait à offrir à ces deux jeunes gens. Il en demeure des poèmes dont la sensualité supposée paraît bien innocente de nos jours…

Plaque commémorative
rue sainte Catherine
Cécile Brunet
Hôtesse généreuse et amie des poètes
Cécile Renard naquit en 1831 rue du Vieux Sextier, ses parents tenant un magasin de tissus. A 16 ans, elle épousa son voisin, Jean Brunet, peintre décorateur puis antiquaire rue des Fourbisseurs, et membre fondateur du Félibrige. Ils eurent la douleur de perdre leurs trois premiers enfants mais Louis, né en 1855, vécut.
Théodore Aubanel était un ami du couple, de même que Stéphane Mallarmé, venu consulter le docteur Béchet pour ses problèmes de santé. Il se montrait très intéressé par le mouvement poétique provençal. Cécile Brunet devint même la deuxième marraine de sa fille Geneviève. En 1865, il lui dédicaça son poème Sainte , plus tard mis en musique par Ravel.
C’est en 1867 que les Brunet hébergèrent Víctor Balaguer, poète et chef du parti libéral catalan et franc-maçon comme Jean, lors de son exil.
Poète mélancolique Jean Brunet avait trouvé dans le Félibrige de quoi combler ses aspirations démocratiques. Mais, ruiné par sa générosité et la prodigalité du frère de Cécile, il tenta de se suicider avant de mourir à l’hôpital d’Avignon en 1894. Cécile, atteinte de paralysie, s’éteignit peu après.

Coiffe provençale
XIXème siècle
Ballade en l'honneur
de Madame Cécile Brunet
par Stéphane Mallarmé
Sainte
À la fenêtre recélant
Le santal vieux qui se dédore
De sa viole étincelant
Jadis avec flûte ou mandore,
Est la Sainte pâle, étalant
Le livre vieux qui se déplie
Du Magnificat ruisselant
Jadis selon vêpre et complie :
À ce vitrage d’ostensoir
Que frôle une harpe par l’Ange
Formée avec son vol du soir
Pour la délicate phalange
Du doigt que, sans le vieux santal
Ni le vieux livre, elle balance
Sur le plumage instrumental,
Musicienne du silence.
Au cœur d’Avignon la vie modeste, non exempte de chagrins mais éclairée par une belle entente avec un époux humaniste, une grande générosité et la fréquentation exaltante des poètes, fait de Cécile Brunet, dont le visage et l’influence resteront dans l’ombre, une femme particulièrement attachante.
Noémie Mossé
Fille de rabbin et poétesse
Noémie Mossé, née en 1860, fille du rabbin d’Avignon, perdit sa mère un an plus tard, et eut cinq demi-sœurs issues du remariage de son père. Elle obtint son Brevet supérieur à 18 ans et devint institutrice dans le « pensionnat des demoiselles israélites de mesdames Mossé » dirigé par son père dans le quartier Monclar. Un rabbinat nouveau avait été créé à Avignon en 1859 (comprenant aussi Carpentras, Cavaillon, Orange et l’Isle sur la Sorgue), avec Benjamin Mossé à sa tête. La population juive d’Avignon ne comptait que 150 personnes environ à la fin du XIXème siècle ; beaucoup étaient marchands de tissus et de « nouveautés ».
Benjamin Mossé, républicain et progressiste, était le fondateur d’une revue, La famille de Jacob et l’auteur de nombreux ouvrages sur le judaïsme, prônant une plus grande participation des femmes. Il y publia les poèmes de Noémie célébrant la nature et ses articles retraçant, sous forme romanesque, les us et coutumes, alors en voie de disparition, des Juifs de Provence.
Noémie épousa son cousin en 1883 et eut trois enfants. Elle s’établit avec sa famille à Marseille, où elle mourut en 1953.

La synagogue d’Avignon,
aux portes de l’ancienne carrière,
reconstruite par Joseph Auguste Joffroy en 1846 après l’incendie qui avait détruit celle de François Franque.
Les « Juifs du Pape » formaient une organisation structurée de communautés avec un rituel particulier, parlaient un dialecte judéo-provençal et étaient obligés de résider dans des carrières (quartiers) bien délimitées et surpeuplées. Le rattachement à la France d'Avignon et du Comtat Venaissin les libérant de leurs multiples contraintes, ils devinrent citoyens français et prirent une part active dans la société.
Marie-Maurille de Sombreuil
La jeune fille au verre de sang

Marie-Maurille, née en 1768, était la fille aînée de Charles François de Virot, marquis de Sombreuil. En 1792, lors des massacres de Septembre à Paris elle s’interposa entre son père et les massacreurs en s'écriant : « Vous n'arriverez à mon père qu'après m'avoir tuée. » Mais Stanislas Maillard, dit « Tape-Dur », lui dit qu’il serait épargné si elle buvait du sang bleu frais et il trempa un verre dans le baquet qui recueillait le sang des victimes décapitées. Elle n’hésita pas à le boire en criant « Vive la Nation ! », sauvant ainsi son père, qui fut néanmoins guillotiné un peu plus tard avec l’un de ses fils.
Elle épousa en 1796 un émigré, le comte de Villelume, et vint s'établir à Avignon où elle mourut en 1823. Son cœur fut placé dans la chapelle des Célestins, et son corps inhumé au cimetière saint Roch, puis à celui de saint Véran.
En 1850, l’aumônier des invalides qui quittaient la succursale d’Avignon déposa l’urne funéraire contenant son cœur à l’Hôtel des Invalides, où elle est la seule femme, en mémoire de son père.
La version plus probable de l'histoire est que la jeune fille en larmes émut les révolutionnaires et que Maillard, président d'un tribunal improvisé, déclara M. de Sombreuil innocent. Marie-Maurille demanda un verre d'eau qui lui parvint rougi d'être passé entre plusieurs mains ensanglantées, d'où l'origine de la légende.
Il n’y avait d’ailleurs pas de guillotine à la prison de l'Abbaye.
Camille Claudel
Le génie la passion la folie

Camille Claudel - 1884/87
Paul Claudel en jeune Romain
Musée Calvet
Camille Claudel naquit en 1864 dans une famille de la bourgeoisie de province, et eut pour frère l’écrivain Paul Claudel. Si son père l’encouragea avec constance, sa mère se montra toujours opposée à elle avec virulence. Très tôt attirée par la sculpture, elle devint l'élève, l'assistante, la maitresse et la muse d’Auguste Rodin, mais celui-ci refusa toujours de l’épouser et ils se séparèrent en 1892.
Déchirée entre sa passion amoureuse et sa soif d'indépendance artistique, elle défiait la morale hypocrite de l'époque en sculptant des nus avec la même liberté que les hommes. À partir de 1905, son état mental se dégrada, elle détruisit ses œuvres en cours, et à la mort de son père, en 1913, sa mère et son frère la firent interner malgré l’indignation des milieux artistiques progressistes et l’intervention de Rodin. Elle fut transférée en février 1915 à l'asile d'aliénés de Montdevergues, à Montfavet, jusqu'à la fin de ses jours. Elle y mourut en 1943, à 78 ans, probablement à cause de la malnutrition provoquée par la guerre.

Camille Claudel
en 1929
La petite-fille de Paul Claudel, Reine-Marie Paris, découvre en 1958 l'œuvre de sa grand-tante et fait connaître son génie et son destin tragique. La biographie d’Anne Delbée puis le film de Bruno Nuytten avec Isabelle Adjani apportent à l’œuvre éblouissante de Camille Claudel la reconnaissance et la notoriété dont elle aurait dû jouir de son vivant.
Jeanne de Flandreysy
L’abbesse du Roure
Née Jeanne Mellier en 1874, elle commença très tôt par une carrière littéraire et journalistique, tout en s’intéressant à la culture provençale. En 1899, elle épousa un gentilhomme écossais, Aymar de Flandreysy, mais devint rapidement veuve. D’après certains, elle aurait seulement inventé cet éphémère époux…
Belle, libre et cultivée, elle fréquenta alors les meilleurs artistes de son temps : Jules Charles-Roux, qui apporta son soutien financier au Félibrige, Marcel Proust, Sarah Bernhardt, Alphonse Daudet, Jules Supervielle, Léo Lelée, Jean Aicard, et surtout Frédéric Mistral qui obtiendra bientôt le Prix Nobel de littérature. Elle se rendait souvent en Provence et se mêlait aux Reines du Félibrige, Marie-Louise Mistral, Jeanne Roumanille, Philadelphe de Gerde, Nerte de Baroncelli, auxquelles elle apporta un rayonnement supplémentaire.
En 1908, elle devint l’amie et l’égérie du marquis Folco de Baroncelli qui écrivait :
Ô madame Jeanne ! Ô perle exquise de bonté !
Vous qui, divinement, savez incliner la tête,
Et tourner vos yeux de grâce du côté
Où vous entendez appeler au secours dans la tempête.

Dix ans plus tard, elle lui évita la ruine en achetant le palais du Roure, qu’elle restaura et consacra à la célébration de la culture provençale. Elle ira jusqu’à faire démonter puis remonter le toit du grenier pour y faire déposer par une grue la « patache » qui avait souvent amené Mistral depuis Marseille, et devait être détruite après avoir figuré dans un film.
En 1936, elle épousa le commandant Émile Espérandieu, archéologue et érudit, membre de l'Institut. Elle assembla une collection de 200 cloches, des tableaux, meubles et documents divers de Provence, publia plusieurs ouvrages, reçut, et parfois hébergea sur le long terme, Édouard Herriot, Louis Le Cardonnel, Pablo Casals, Émile Ripert, Marcel Pagnol, le peintre Henry de Groux.
Elle mourut en 1959, ayant légué sa maison et ses archives à Avignon.
On a tout dit et tout écrit sur Jeanne de Flandreysy… Bien qu’elle n’y soit pas née, elle est probablement, avec l’énigmatique Laure de Sade, la figure la plus emblématique d’Avignon. Voilà une femme qui, quoique sans fortune, aura mené sa vie comme elle l’entendait, fréquenté et soutenu poètes et peintres, restauré une vaste demeure et consacré toute son énergie au renouveau de la culture provençale et au mouvement des Félibres.
Elisabeth Barbier
L’écriture au cœur

Renée Guérin naquit en 1911 à Nîmes, mais vécut toute son enfance à Paris. Elle épousa Raymond Barbier, médecin à Avignon. Passionnée de théâtre et amie de la famille de comédiens Pitoëff, elle dirigea une compagnie de comédiens amateurs et participa à la naissance du Festival d'Avignon, publiant pendant quinze ans des chroniques s’y rattachant. Dévastée par la mort de son mari, elle se mit à écrire sous le nom d’Elisabeth Barbier. Elle était amie avec Marguerite Yourcenar et Pierre Boulle, natif d’Avignon.
Elle mourut en 1996 rue des Trois-Colombes.

Ses livres les plus connus constituent la saga « Les Gens de Mogador », écrite entre 1947 et 1961, qui retrace l’histoire de quatre générations de femmes liées au domaine imaginaire de Mogador, près d’Avignon, entre le Second Empire et la Seconde Guerre mondiale. Une adaptation télévisée fut faite en 1972 avec Marie-Josée Nat, Marie-France Pisier et Brigitte Fossey.
Jeanne Laurent
Le théâtre malgré la politique
Née en 1902, fille d'agriculteurs bretons, Jeanne Laurent fut l'initiatrice de la politique de décentralisation théâtrale sous la Quatrième République
En 1930, elle entra au ministère de l'Éducation nationale puis au secrétariat d'État aux Beaux-Arts. Durant la Seconde guerre mondiale, elle participa à la Résistance auprès de Germaine Tillion. Revenue en 1946 comme sous-directrice des spectacles et de la musique à l'Éducation nationale, elle créa les premiers centres dramatiques nationaux, nomma Jean Vilar à la tête du Théâtre national populaire et favorisa les théâtres régionaux. Elle ne manquait pas un Festival d’Avignon. Critiquée par la presse et les directeurs de théâtre parisiens, elle fut mise à l'écart, ce qui suscita de nombreuses protestations, mais elle ne cessa d’œuvrer pour la « réconciliation des arts et de l’État » jusqu’à sa mort en 1989.

Jeanne Laurent n’a pas de lien direct avec Avignon mais le rôle majeur qu’elle a joué dans la politique de démocratisation culturelle d’après-guerre et sa féconde collaboration avec Jean Vilar pour une large diffusion du théâtre lui donnent une place d’honneur dans ce panorama des héroïnes avignonnaises. Elle a été l’une des rares femmes de la haute administration déterminées à transformer en actions concrètes un projet idéaliste alors moqué et dénigré par la plupart de ses collègues.
Les anciens réservoirs du palais des Papes, composés de quatre nefs voutées qui offrent une vue panoramique sur le Rhône et accueillent dîners, expositions et événements culturels, lui ont été dédiés en 1991 sous le nom d’Espace Jeanne Laurent.
Mireille Mathieu
Musique et coupe au bol

Née en 1946 à Avignon dans une famille de condition modeste, aînée de quatorze enfants. Son père était un baryton amateur d’opéra, mais c’est la découverte d’Édith Piaf qui la décida à devenir chanteuse. Elle remporta en 1964, avec La Vie en rose, la première place dans un concours local organisé par la mairie.
Johnny Stark devient son imprésario et elle se produit en vedette à l’Olympia dès 1966. Son succès est immédiat. Parrainée par Maurice Chevalier, elle se rend aux Etats-Unis. Son interprétation pour le film de René Clément Paris brûle-t-il ? est un immense succès. Sa carrière devient internationale.
En 1978 son buste et sa coupe de cheveux servent de modèle pour une représentation de Marianne
Mireille Mathieu fête ses cinquante ans de carrière à l'Olympia en 2014. En 2019 elle inaugure le début de la circulation du tramway d’Avignon, dont une rame est à son effigie.
On aime ou pas… mais la Demoiselle d’Avignon aura contribué à porter la renommée de sa ville bien au-delà des frontières ! Elle aura enregistré plus de 1 200 titres, et chanté dans onze langues. Selon sa maison de disques, elle aura écoulé plus de 130 millions d'albums et 55 millions de singles à travers le monde.