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Par Liliane & Francis, Janvier 2024

LES REMPARTS D'AVIGNON 

Les remparts actuels d’Avignon sont les plus longs d’Europe conservés dans leur intégralité :

4 330 mètres, 33 tours, 55 échauguettes, 6 portes monumentales…

Mais leur physionomie a beaucoup évolué au cours de leurs sept siècles d’existence.

Le premier rempart

        Avignon est cernée de remparts depuis le IIIème siècle avant JC ; c’est tout d’abord une enceinte gallo-grecque autour du rocher des Doms fortifié, puis gallo-romaine quand Rome colonise Avenio et sa province. La ville devient une cité commerciale importante.

 

La muraille est rectangulaire, suivant les rues actuelles de la Petite Reille, des Grottes, Racine, de la Bouquerie, du Collège d'Annecy, des Etudes, du Crucifix, du Four de la Terre, du Chapeau Rouge, de l’Oriflamme, Sorguette, de la Forêt et Banasterie au niveau de la chapelle des Pénitents noirs. Deux vestiges en subsistent rue Racine. Quand les invasions « barbares » arrivent aux portes de la ville, la population se réfugie sur le rocher des Doms et on construit une enceinte plus resserrée et facilement défendable.

Les remparts aux XII et XIIIème siècle

Il faut attendre le XIIème siècle pour qu’une ceinture de remparts plus efficace soit édifiée à peu de distance de l’enceinte romaine. Mais suite de la guerre des Albigeois, en 1226 Louis VIII qui veut reconquérir le midi obtient la reddition de plusieurs villes – sauf  Avignon qui lui refuse l’entrée. Le siège dure de juin à septembre, quand la ville capitule faute de vivres. En représailles, le roi ordonne la destruction des remparts avec interdiction  de nouvelle construction  durant cinq ans, et fait combler les fossés avec des poutres et des pierres.

 

Ce sera la seule période pendant laquelle Avignon sera dépourvue de protection.

Jean Fouquet - Le siège d'Avignon en 1226 - Bibl. Nationale

Viollet-le-Duc - Les remparts au XIIème siècle

Plan de 1609 où figure le rempart du XIIème siècle

devenu "intra-muros"

Vestiges des remparts du XIIème siècle rue Racine

Dès 1234, les Avignonnais reconstruisent leur rempart, selon le même tracé que le précédent mais 40 mètres plus loin, suivant les rues actuelles de la Grande Fusterie, Joseph Vernet, Henri Fabre, des Lices, Philonarde, Campane et des Trois Colombes. Revenus des péages, emprunts, taxes dont un quart pour la reconstruction, amendes pour qui était pris à voler des pierres et obligation de les restituer, contribuent au financement.

Le sol est encore marécageux. On a retrouvé des pieux en  bois de frêne qui auraient pu servir de soutien.  En outre, des relevés ont permis de mesurer la superposition de couches de remblaiements successifs qui serait comprise entre trois et quatre mètres. La base des murs est constituée de blocs liés par un mortier très résistant, comportant de nombreux galets et des pierres de calcaire provenant de la carrière du fort saint André à Villeneuve les Avignon.

Chaque portail est encadré par deux tours, dite « bisturri ». Celles du pourtour, d’une hauteur d’environ cinq mètres, avec des murs d’un mètre vingt d’épaisseur, sont équipées de meurtrières étroites

Vestige du rempart du du XIIIème siècle

à l'angle Joseph Vernet / saint Charles

Cependant, les habitants sont autorisés à appuyer de nouvelles maisons aux murailles, et sans doute des brèches, des niches et des fenêtres sont-elles ouvertes si bien que les remparts finissent par être noyés sous les modifications. Un document expose que les lices, les remparts et les terrains alentour sont devenus à usage public.

Le rempart défensif du XIVème siècle

 

L’installation des papes et des cardinaux en Avignon à partir de 1309 entraîne un afflux de population qui fait déborder la ville au-delà des anciennes fortifications envahies de masures. Devant la menace des bandes de routiers durant la Guerre de Cent ans, Innocent VI ordonne d’élever un nouveau rempart qui va enfermer une superficie de 152 hectares. Mesurant 4330 mètres de long et quatre cannes (huit mètres) de haut, bâti avec des pierres calcaire tendres et abondantes dans la région appelée « pierre du Midi » et « molasse burdigalienne » par les spécialistes, il est garni de créneaux et de mâchicoulis, renforcé par trente-cinq grandes tours rondes, cinquante tours plus petites (carrées, rectangulaires et trois semi-circulaires) fortifiées de cinquante-six échauguettes. Pour accélérer la construction, les plus grandes tours sont creuses, ne possédant que trois murs. Un large fossé profond de quatre mètres, alimenté par les eaux de la Sorgue et de la Durançole, longe l’ensemble.

Croquis de reconstitution des tours et de la porte saint Lazare

Meurtrières étroites

Base des murs

Les remparts s’ouvrent par sept portes d’entrée censées rappeler les sept collines de Rome, munies de ventaux de bois bardés de fer fermées la nuit et précédées de « ravelins », sortes de petits châteaux avancés. Dans les périodes de conflit, les arrivants doivent franchir un premier pont-levis, traverser la terrasse du châtelet, se faire ouvrir une barrière, passer sur un second pont-levis menant à un bâtiment défendu par deux échauguettes avec mâchicoulis, arriver enfin devant la porte protégée par une ligne de mâchicoulis supérieurs, une herse et un second mâchicoulis percé devant les vantaux. Le châtelet lui-même est complètement entouré d’un fossé plein d’eau. 

Il faut vraiment « montrer patte blanche » avant de pénétrer dans la ville !

La livrée du cardinal de Boulogne est coupée en deux lors de la construction, qui s’étend de 1357 à 1377. Les bourgeois et la municipalité sont de nouveau mis à contribution.

 

La porte saint Lazare, fortement endommagée par une crue majeure de la Durance en 1358, sera  reconstruite sous Urbain V avec toute la partie des remparts qui s'étend jusqu’au  rocher des Doms, peut-être par Pierre Obreri, l'un des architectes du palais.

La tour Langlade

Mâchicoulis

En 1376, Grégoire XI décide de ramener la papauté à Rome, ce qui provoque le Grand schisme d’Occident avec l’élection parallèle de Clément VII en Avignon.

 

Au départ définitif des papes, la ville est dirigée par des légats, puis des vice-légats qui les représentent et les remparts continuent d’être entretenus et adaptés à l’évolution des moyens de guerre. Au XVème siècle, on ajoute une tour polygonale. Puis, l’artillerie ayant rendu les tours carrées vulnérables, quelques-unes furent remplacées par les rondes que l’on voit aujourd’hui.

Tour octogonale rempart de l'Oulle

Les signes lapidaires

 

Il existe, à la partie supérieure des murailles, environ 4500 signes plus ou moins effacés et cachés. Ils ont été taillés, gravés, dessinés avec des ciseaux, gravelets ou polkas. On dénombre cinq cents modèles différents : les lettres A, H, K, M, O, R, V, Y, des outils, des croix, des clés, des chiffres romains…

 

Ils ne sont ni un alphabet crypté de tradition occulte, ni l’indication d’un trésor dissimulé, ni les éléments d’une phrase biblique, mais des marques de tailleurs de pierre. Ils permettaient de contrôler la qualité de l’ouvrage - technique de pose, d’appareillage, de taille, d’assemblage, de localisation - de les comptabiliser  et d’identifier l’ouvrier afin de le rémunérer. 

 

On estime ainsi le nombre de tailleurs de pierre entre 2500 et 5000, sans compter ceux qui travaillaient dans les carrières et les terrassiers qui creusaient les fondations et les fossés.

XV & XVIème siècles

Ci-dessus, carte aux personnages de Braun & Hogenberg -  Archives municipales Avignon

A  gauche, miniature du Maître de Boucicaut - XVème siècle - Bibliothèque nationale

Sur le plan de Georg Braun, théologien et éditeur, et du cartographe Franz Hogenberg, gravé en 1590, figurent les fossés sur le pourtour du rempart et les ravelins des portes saint Lazare et saint Michel.

 Désaffectation aux XVII & XVIIIème siècles

Au début du XVIIème siècle, 38 arceaux encombrent la ville, dont les anciennes portes du premier rempart. « Les murailles anciennes d’Avignon estoient doubles tout à l’entour de la ville et sont demeurez encore entiers quasi tous les portaux doubles, avec les vieilles lices, belles et spacieuses entre deux » (Père André Vladier, 1601)

À partir du XVIIIème le mur d’enceinte ne joue plus un rôle prépondérant dans la défense de la ville et les fossés sont comblés au profit « d’allées », promenades très prisées des citadins. Un certain père Labat se moque des remparts en 1731 : « Si les boulets de canon n'étaient remplis que de vent, les remparts pourraient résister quelque temps. »

 

En 1750, on démolit l’arc intérieur des portails Magnanen, Imbert, Bocquier ; en 1764, le portail des Infirmières ; en 1783, le portail Fract (ou Pont Rompu au bout de la rue des Trois Faucons)…

En plusieurs endroits les merlons sont rasés, on aménage de nouvelles portes du côté du Rhône car la principale voie d’accès à Avignon, pour les voyageurs comme pour les marchandises, reste le fleuve par la porte du Rhône et l’imposante porte de la Ligne, dues à Jean-Pierre et Jean Baptiste Franque entre 1755 et 1760.  

 

Elles deviennent plus décoratives que défensives : la fonction symbolique a pris le pas sur la fonction pratique, même si remparts et portes jouent toujours, également, un rôle de protection contre les crues.

Merlons off.jpg

Merlons disparus

Emplacement des batardeaux en protection contre les crues

Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc

Le mur intérieur de renfort

En 1860 il est décidé de restaurer les remparts qui se dégradent et le chantier est confié à l’architecte adepte du néo-gothique en vogue, Viollet-le-Duc. Il étudie  minutieusement les problèmes à résoudre et applique ce principe : «Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné». Si bien que la restauration entreprise est par endroits une véritable reconstitution. Les portes saint Roch et saint Lazare sont recrées de façon à s’adapter à la circulation.

 

Aux remparts sont encore accolés des maisons, des ateliers, des cafés et restaurants, les bureaux de l'octroi.

 

Quant à la porte de la République - dénommée porte Napoléon en 1863, puis Jean Jaurès - c’est un ouvrage qui n’a plus rien de médiéval.

La porte saint Roch en 1915

La porte saint Lazare recréée pour laisser place à la circulation et doublée d'un passage piétons

Plan & coupe des remparts - Encyclopédie industrielle Lami 1875

L'inscription des remparts sur la liste des monuments protégés en 1862 ne les protège cependant pas suffisament, car arrive alors Joseph Pourquery de Boisserin, maire de 1888-1903, qui va tenter avec acharnement de démolir complètement les remparts d’Avignon sous prétexte que la ville ne peut pas se développer vers le sud.

 

Devant le refus gouvernemental d'élargir la porte de l'Oulle, il fait voter à l'unanimité moins une voix la destruction des remparts de la porte saint Roch à saint Lazare et parvient à détruire la porte Limbert une nuit de 1896 et celle de l’Oulle en 1900, avec pour autre argument que la restauration de Viollet-le-Duc n’était qu’une « imitation du vieux ».

La porte saint Dominique démolie début XXème

La porte Limbert avant sa démolition en 1896

Démolition de la porte Magnanen en 1902

La porte de l'Oulle en 1875 et sa destruction en 1900

En 1890 des platanes fournissent de l’ombre aux « allées » et le long des vieux remparts s’installent des marchés, des fêtes foraines, des jeux de boules, des foires aux chevaux, le parc des équipages du 7e Génie. Les boulevards saint Roch et saint Michel accueillent de cafés-concerts très fréquentés.

Ces arbres seront arrachés pour le passage du tramway en 2018 et remplacés par de nouvelles essences.

Foire aux chevaux de la saint André sur le boulevard saint Roch

Seul souvenir, les anneaux toujours ancrés

La « seconde » chapelle saint Nicolas

 

Les chapelles édifiées sur le pont saint Bénézet menaçant souvent d’être emportées par les crues, la confrérie des bateliers et rebeiriers (hommes d’équipage qui aident aux manœuvres) décident en 1693 de construire une seconde chapelle saint Nicolas et achètent un terrain contre le rempart, face au pont.

Les travaux ne seront terminés qu’en 1732 et on y célèbre les offices jusqu’en 1856, date à laquelle l’inondation catastrophique la détruit. Dans les années 1980, une restauration relève quelques murs et le clocheton.

Les menaces progressistes du XIXème siècle

 

Rattachée à la France en 1791 et devenue chef-lieu de département, Avignon ne craint plus les invasions. Les remparts sont néanmoins considérés comme un ouvrage militaire jusqu’en 1821, date à laquelle ils deviennent propriété de la ville.

 

En visite en 1804, Aubin-Louis Millin de Grandmaison, dit Eleuthérophile Millin, naturaliste, bibliothécaire et grand érudit, écrit: « Le temps a donné à ces pierres si égales, si bien jointes et si bien polies, une teinte brunâtre qui augmente encore l’effet de l'ensemble. Aucune autre ville du Moyen Âge n'a une enceinte aussi élégante ; et c'est, sous ce rapport, un véritable monument de l’art ; mais ce serait une faible ressource dans le danger. On peut dire de ces murs si beaux, si réguliers, qu’ils servent de parade, et non pas de défense. »

D'autant que les maisons, commerces et bistrots de toutes sortes se sont accumulés au pied des murailles...

Les constructions le long du rempart extérieur 

Le rempart en aval du pont saint Bénézet

Gravure du XIXème siècle

et les vestiges de leurs escaliers

La Porte de la Ligne début XXème et de nos jours (beaucoup de panneaux)

Porte de l'Oulle entourée de maisonnettes

Le chemin de fer se développe partout et la ligne Paris - Marseille doit desservir Avignon. En 1844, l’ingénieur Paulin Talabot projette de la faire passer le long du Rhône et le conseil municipal approuve, bien que ce tracé eut obligé à démolir toute la partie du rempart longeant le fleuve et à percer un tunnel sous le rocher des Doms impossible à contourner. De nombreux Avignonnais s’élèvent contre le projet, même si on leur promet de border le chemin de fer par un talus couronné d’un mur crénelé pour imiter le rempart !

 

Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques, s’élève avec virulence contre ce curieux tracé, et en 1846 la Commission des Monuments historiques écrit : « Ces vieilles murailles couronnées de créneaux et de mâchicoulis, qui rendent si pittoresque l'aspect de la ville, seraient remplacées par une chaussée. La Commission regarderait comme un malheur public la destruction de cette belle enceinte [ ... ] Les Avignonnais ont à leurs portes un exemple des inconvénients de cette fatale manie de nos jours, qui sacrifie le passé au présent. Carpentras, qui grâce à ses remparts passait autrefois pour une des plus jolies villes de l’ancien Comtat Venaissin, les a démolis depuis peu ».

 

Le  projet est heureusement abandonné au changement d’équipe municipale.

Après la terrible inondation de 1856 le service des Ponts et Chaussées double la base des murs côté ville en pierre de Tavel, dense et peu sensible à l’humidité, sur une hauteur d’environ trois mètres, pour mieux résister à la poussée des eaux.

La porte de la Ligne début XXème et de jours (beaucoup de panneaux !)

Fete foraine remparts_edited.jpg

Jeu de boules

Fête foraine "boulevard de la gare"

Années 60, un fabricant d'échelles à; l'extérieur du rempart.

Aujourd’hui

 

De sept portes monumentales à l’origine, réduites à trois au XVIème siècle, on compte de nos jours :

 

- Porte saint Michel : bombardée en 1944 et restaurée

- Porte Saint Roch : reconstruite en 1856 par Viollet-le-Duc

- Porte du Rhône : reconstruite au XVIIIème siècle par Jean Pierre Franque

- Porte de la Ligne : reconstruite par Jean-Baptiste et Jean-Pierre Franque

- Porte saint Lazare : la plus fortifiée, par laquelle se faisaient les entrées solennelles, doublée d’une porte percée dans      le rempart en 1890 pour la circulation des véhicules

- Porte de la République : démolie lors de la percée du cours Jean Jaurès, reconstruite par Viollet-le-Duc.

Aménagements actuels de la porte saint Lazare : le passage ajouté début XXème siècle, la tour ancienne évidée à l'intérieur,

une meurtrière qui se retrouve au ras du sol suite aux élévations successives des terrains et un mobilier urbain contemporain

Deux portes privées : pour une résidence et pour un accès à l’université

Brèches après destruction des anciennes portes et ouvertures modernes :

 

- Limbert : brèche ouverte sur la rue Guillaume Puy après destruction en 1896 par Pourquery de Boisserin

- Magnanen : percée ouverte en 1902 par Pourquery de Boisserin

-Thiers : percée moderne au débouché de la rue Thiers

- saint Dominique : brèche ouverte au bout de la rue Victor Hugo au début du XXème siècle

- du Rocher : percée sous la tour octogonale allée de l’Oulle en 1974

- Saint Charles : brèche ouverte en 1902 au bout de la rue du même nom

- de l’Oulle : brèche après démolition

- saint Joseph : percée à la base d’une tour au XXème siècle

La porte Limbert n'est plus qu'une brèche ouvrant sur la rue Guillaume Puy

Poternes  (passages piétons ouverts

dans la muraille) :

 

- Saint Lazare

- Banasterie

- Georges Pompidou

- de l’Oratoire

- Raspail

- saint Michel

- Teinturiers

- Monclar

La poterne Georges Pompidou

La poterne saint Lazare

De la promenade des élégantes du XIXème siècle aux Hare Krishna de 1968... les remparts ont toujours la cote !

Le long des remparts extra-muros a servi de parkings bitumés souvent saturés jusqu’en 2010. Le nouvel aménagement a supprimé les revêtements imperméables au profit de plates-bandes et d’arbres d’espèces méditerranéennes avec le souci de restaurer la biodiversité en améliorant la gestion de l’eau, sur une surface plantée d’environ 25 000 m². Une voie piétonne et cycliste, avec un emplacement réservé au tramway sur une partie du circuit, remplace le stationnement des voitures.

Trois œuvres d’art  peuvent être vues le long des remparts : le Zoulou de Jean-Claude Lorenzo,  trois cent kilos de métal dont les tresses  « rastas sont des chaînes que j’ai piquées aux allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale » représentant  la liberté et la solidarité  selon le sculpteur ;  Équilibre  de Brigitte Nahon, inaugurée en 2000 et Notre Dame du Bon Voyage quai de la Ligne.

Chaque année des travaux stabilisent l’état actuel.

 En 2021, Andrea Bortolus et Raffaella Telese, deux architectes avignonnais spécialisés dans la protection du patrimoine, ont réalisé 81 vues orthophotographiques à l’aide de scans, de clichés de drones et d’appareils photos plaqués sur des modélisations destinés à dresser un diagnostic aussi fin que possible de l’état des remparts.

Corbeaux endommagés

et restauration du rempart saint Michel

En octobre 2023,  la direction des Monuments historiques et la Ville, propriétaire de l’ensemble des remparts, ont entrepris la mise en sécurité des deux tours qui encadrent l’entrée de la rue de la République : nettoyage du parement par hydro-gommage, remplacement des merlons abîmés, fermeture des mâchicoulis du chemin de ronde pour éviter le ruissellement de l’eau.

Le tout pour un coût de 145 000 €.

La porte de la République, vue du parvis de la gare, reconstruite en 1850 par Viollet-le-Duc

Travaux de 2023/24

Le trajet du tramway le long du rempart de la porte saint Roch à saint Michel a profondément modifié son aspect extérieur

Un monument à la si longue histoire se charge nécessairement de plusieurs apparences, d’opinions contradictoires, et d’une présence si forte qu’elle peut susciter des jugements parfois peu acceptables : « Aujourd'hui, les remparts ne sont plus menacés. Mais ils pèsent sur le destin de la ville et sur l'inconscient collectif, Avignon est une ville schizophrène qui aspire à respirer mais ne peut s'y résoudre car elle a toujours peur du Rhône et de l'autre rive... Ce qui nuit à son ouverture et son développement. » (Bruno Gallet, architecte et urbaniste)

Quant au plasticien Olivier Huet, après avoir souhaité la destruction intégrale des remparts, en 2000 il change d'avis et dessine la muraille sur 35 mètres de papier calque à l’encre de Chine pour la découper en cinquante titres de propriété destinés à autant d’acheteurs pour former une « copropriété » baptisée Cercle des Remparts. « Il ne faut pas oublier que cette muraille appartient aux Avignonnais.  Ils y sont attachés et rêvent que ce mur ne soit plus une frontière entre l'intra-muros et l'extra-muros ! »

Les remparts d’Avignon sont devenus tout autant un emblème de la ville qu’un témoignage historique, même faussé car au bout du compte, à force d’adaptations, de remaniements et de restaurations, ils ne conservent à peu près rien de leur état originel.

« Le fait d’être à l’intérieur des remparts, ça comble une fragilité. Derrière les remparts, on est bien . L’intra-muros,  chaleureux, enveloppe :  l’ancien de la ville… C’est là, ça ne bouge pas… Les façades un peu vétustes, les ruelles pavées… C’est rassurant, apaisant. » Meryem, Avignonnaise.

Photographie Clémentine Faure  DR

Bibliographie

Franck Rolland  - Un mur oublié ; le rempart du XIIIème siècle à Avignon – Editions Persée

A. Penjo  - Avignon, la ville et le palais des Papes 1889 - Gallica BNF

Textes de Marc Maynègre

Girard, J., Évocation du vieil Avignon, éditions de Minuit, 1958

Sylvestre CLAP et Olivier HUET- Les Remparts d'Avignon, Avignon, Bénezet, 2005

A. Maire -  Les signes de tacherons sur les remparts d’Avignon. Bulletin monumental.1884

Valérie Peiffer - Article du Point paru 2012

https://journals.openedition.org/ceroart/2927#tocfrom1n2

http://www.presseagence.fr/lettre-economique-politique-paca/2023/05/17/avignon-sites-et-cites-centres-anciens-patrimoines-et-culture/

https://www.lesnoctambulesdavignon.com/remparts-davignon

https://lachezleswatts.com/fr/articles/16/84000-avignon/lalphabet-secret-des-remparts

https://www.nature-en-ville.com/

https://journals.openedition.org

Certaines photos ont été fournies par M. Bourgue, que nous remercions.

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