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Par Liliane, Mars 2019
Les pénitents
Bref rappel historique du mouvement des Pénitents
La plus ancienne mention de Pénitents date de 1180.
Ce sont des catholiques laïcs qui ont choisi de vivre leur foi au travers de règles spécifiques. Chaque groupe est indépendant, sous l’autorité de l’évêque du lieu. Ils cherchent à retrouver l'esprit d'union et de fraternité des premiers chrétiens en refusant les vanités du monde tout en vivant au contact de leurs contemporains. Ils considèrent la pénitence comme un don de soi, car aider son prochain c’est aimer Dieu, ce qui les amènera à développer les « œuvres de miséricorde ».
Les pénitents se considèrent comme des frères, sur un même pied d'égalité, nobles, bourgeois, artisans et ouvriers.


En 1264, le franciscain Saint Bonaventure avait eu une vision de la Vierge qui lui avait dicté leur statut, la règle de l’amour du Christ. La pénitence « blanche », telle que définie par le pape Honorius III, est la promesse publique de se consacrer à Dieu dans la charité, l'amour du prochain, le refus de la violence, la fréquentation des sacrements au moins trois fois l’an, la pratique fréquente du jeûne et de la continence entre époux, la récitation quotidienne du psautier et la volonté d’œuvrer à la paix.
Les confréries d’intercession ont pour vocation principale la prière, tandis que le concept de pénitence « noire », celui des « Flagellants », avec leurs rites consistant à se donner mutuellement la discipline au cours de processions expiatoires, a été rapidement canalisé par l’Église pour éviter les débordements.
Les pénitents doivent porter une robe de toile appelée chemise, froc ou sac, de la couleur de leur obédience, avec une ceinture de corde qui symbolise la pauvreté, l’obéissance aux commandements de Dieu, et l’appartenance à la confrérie dirigée par un prieur élu. La cagoule ou le capuchon en pointe percé de deux trous, est destiné à préserver l’anonymat afin que la personne assistée ne remercie que Dieu du secours qu’elle reçoit et à masquer les hiérarchies sociales, sans oublier une protection en cas de contact avec les malades et les morts.
Lorsque les femmes créeront leurs propres confréries ou qu’elles seront agrégées aux confréries masculines, elles porteront une mantille à la place de la cagoule.

Pierre Grivolas - Les Flagellants
au XIVéme siècle - 1906 Musée Calvet
Chaque confrérie construit ou s’attribue un lieu de culte, donnant parfois lieu à des conflits pour le financement et l’occupation de ceux-ci.
Le choix des couleurs peut dépendre de l’ordre d’arrivée des confréries dans le secteur :
Blanc pour les premières, par imitation de la tenue du clergé et symbole de pureté.
Noir pour les secondes afin de se distinguer, voire s’opposer aux premières.
Gris évocation des cendres.
Bleu lié à la Vierge Marie.
Violet (et rarement vert) issus de la scission des bleus.
Rouge associé au sang du Christ, à la Passion.

Le développement des idées de l’Encyclopédie, la Révolution française, la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905, les notions de piété intérieure propagées par Jésuites et l’évolution de la société en général ont mis un terme à de nombreuses confréries, mais celles qui subsistent ont trouvé un regain grâce à l’importance actuelle donnée aux laïcs par l’Eglise et aux actions de celle-ci en faveur des plus démunis. Frédéric Mistral, qui s’était pourtant dans sa jeunesse moqué des Pénitents, devint Prieur honoraire de la Confrérie de Montpellier en 1912.
Les confréries de Pénitents, devenues des associations loi 1901, s’investissent dans des actions sociales et charitables, poursuivant en même temps leur but religieux par des processions et manifestations publiques. Des confréries disparues ont même été réactivées et ont retrouvé une vraie vitalité dans les régions méditerranéennes, où elles suscitent des vocations encore aujourd'hui et des manifestations publiques. De nos jours on dénombre en France 90 confréries et 4000 pénitents.
LES PENITENTS GRIS
La reddition d'Avignon

Avignon et Louis VIII
La croisade contre les Albigeois, considérés comme hérétiques, se trouve à l’origine de la création de la Dévote et Royale Compagnie des Pénitents gris, la première créée en France.
Avignon, qui s’était ralliée à leur cause, subit un siège de trois mois par les armées du roi de France Louis VIII (le père de saint Louis) avant de capituler.
Le 14 septembre 1226, fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, le roi décide d’une cérémonie expiatoire. Vêtu d’un sac de couleur cendre, il prend la tête d’une procession, escorté du légat, des évêques, des barons français et des Avignonnais, vers l’oratoire Sainte Croix, alors hors les murs. Une confrérie est ensuite fondée pour assurer une permanence de l’adoration du saint-sacrement. Appelés les « Disciples des Battus de la Croix », les confrères prennent le nom de Pénitents gris par la suite.
En tout cas, telle est la légende. Il est plus probable que le roi se fit apporter le saint sacrement par l’évêque, Pierre III. Le futur pape Jules II fit partie des Pénitents gris d’Avignon.
En 1854, une œuvre des « enfants indienneurs » est fondée par la confrérie : après leur travail de dix à douze heures d’affilée dans les manufactures, les petits ouvriers ont le privilège de pouvoir assister à des cours de catéchisme…
Le miracle des eaux
Le 30 novembre 1433, à la suite de pluies torrentielles, les eaux du Rhône et de la Durance envahirent la ville mais, selon la légende, épargnèrent la chapelle en refluant contre les parois de la nef, laissant le passage pour accéder à l’autel et récupérer le saint-sacrement. Le miracle donna un nouvel essor à la confrérie.

Depuis, chaque année, les Pénitents le commémorent en remontant la nef à genoux, la corde autour du cou, pieds nus et coiffés de la cagoule, après avoir baisé la croix incrustée dans le sol.
En effet, à Avignon si la plupart des églises consacrées à une confrérie est désacralisée de nos jours, la Dévote et Royale Compagnie des Pénitents Gris d'Avignon est toujours en activité.

Chapelle de la Sainte Croix
dite des Pénitents gris
8 Rue des Teinturiers

La chapelle des Pénitents gris
Sur l'emplacement de l'Oratoire Sainte-Croix où se rendit Louis VIII, la chapelle se compose de pièces édifiées à des périodes différentes : un long vestibule d'accueil avec plafond lambrissé construit en 1631; une salle hexagonale de la fin du XVIème siècle; la chapelle des Vignerons édifiée au XVIIIème, dédiée à une autre confrérie ; la chapelle Notre-Dame-de-Délivrance construite en 1708-1709 dans trois arcades de l’ancien couvent des Cordeliers remplaça la chapelle des morts où étaient inhumés les pénitents. Dès 1475, l’association des Morts priait pour les âmes des confrères au purgatoire. Après la Révolution, la dévotion à Notre-Dame de délivrance pour les femmes en couches la supplanta ; la nef principale dite « du miracle » reconstruite entre 1816 et 1818 accueille les offices. Les vitraux retraçant la procession du roi et le miracle des eaux datent du XIXème siècle.



LES PENITENTS NOIRS

Procession des Pénitents noirs - 7 avril 2019
La première confrérie des Pénitents noirs de la Nativité de Jean-Baptiste est fondée en 1486 par un groupe d'exilés originaires de Florence. En 1496, les Augustins lui concèdent une chapelle de leur cloître, rapidement insuffisante en raison du nombre croissant de confrères et en 1542, la construction d'une chapelle est entreprise sur une partie du cimetière acquise au couvent. Le décor est réalisé entre 1588 et 1648 par Pierre Duplan et la Valfenière, puis sous la direction de Reynaud Levieux de 1651 à 1694. Catherine de Médicis fit partie de cette confrérie. Avec la suppression des confréries par la loi de 1792, la chapelle est vendue et totalement démembrée.
Emblème des Pénitents noirs,
la tête de saint Jean-Baptiste

Une scission au sein des Pénitents noirs donna lieu à la confrérie des Pénitents blancs (1527) et à celle des Pénitents noirs de la Miséricorde (1588) fondée par Pompée Catilina. Celui-ci est envoyé par le pape pour diriger à Avignon les troupes pontificales avec le titre de « cappitaine d'une compagnie de gens à pied pour nostre Sainct Père ». Il donne pour vocation à la confrérie des Pénitents noirs de la Miséricorde de secourir spirituellement et matériellement les prisonniers et assister les condamnés à mort.
Elle établit son siège en la chapelle de l'Hôpital de Notre-Dame de Fenouillet, près de la porte Aurose (actuelle porte de la Ligne). Le premier Recteur de la Confrérie fut inhumé en 1615 dans la collégiale saint-Agricol. Son tombeau était l'œuvre du florentin Simone Bartolacci.

En 1596, Clément VIII accorde à la confrérie le privilège d'obtenir la libération d'un condamné à mort le jour supposé de la décollation de Jean Baptiste. En 1617, Paul V leur permet d'obtenir cette grâce quel que soit le jour de l'année.
Une fois la demande accordée par le vice-légat, les Pénitents noirs délivrent le condamné qui est alors conduit, au bout d'une chaîne d'argent, par le recteur de la confrérie jusqu'à la chapelle. Il est revêtu d'une robe rouge et coiffé de branches d'olivier.
Après une action de grâce, il parcourt les rues, précédé par des Suisses et suivi d'une fanfare. La foule chante des Te Deum et des Benedictum. Le cardinal Richelieu lors de son exil à Avignon de 1618 à 1619, participa à cette cérémonie.
Le maire Guillaume Puy demanda le rétablissement des noirs, des gris et des blancs, ce qui fut refusé par l’archevêque constitutionnel qui dut cependant l’accepter en 1815. La confrérie se reforme rapidement, mais décline fortement après la Première Guerre mondiale et cesse son activité en 1948, pour renaître en 1984.
La chapelle des Pénitents noirs
Les Pénitents noirs acquièrent la chapelle de Notre-Dame de Fenouillet (de fenolhetum, petit pré ) en 1591, à laquelle ils ajoutent une sacristie et une anti-chapelle au XVIIème siècle, durant lequel de nombreux travaux sont exécutés : riches boiseries et toiles de grands peintres d'Avignon.
Dans les années 1720, la confrérie obtient la gestion de « l’Hospice des Insensés » voisin, et le recteur Manne entreprend de nouveaux embellissements. On fait appel à Thomas Lainée qui commence par la reconstruction de la façade, mais il décède en 1739. Le chantier est poursuivi par Jean-Baptiste Franque qui respecte le projet de son prédécesseur, considéré comme son chef-d'œuvre.
La chapelle a été classée Monument historique en 1906, mais se trouvait dans un état de grand délabrement. Elle a été restaurée mais ses nombreux tableaux originaux ayant été dispersés à la Révolution, ils ont été remplacés par des œuvres sans lien avec les sujets d'origine. Les grandes toiles que l’ont peut voir actuellement sont de Nicolas Mignard, Pierre et Joseph-François Parrocel, Reynaud Levieux.
C’est la seule d'Avignon dont l'architecture et le décor évoquent les splendeurs d’origine, toutes les autres ayant été détruites ou modifiées au XIXème siècle. La chapelle est confiée à l'association Saint Jean Baptiste.



La façade baroque présente une Gloire de Pierre Bondon : des anges portent la tête de Jean-Baptiste sur un bassin, rappelant le rôle des Pénitents noirs dans la grâce accordée aux condamnés le jour célébrant la Décollation du saint.

Nicolas Mignard - La Visitation - 1648 Provenant du couvent
la Visitation Saint-Georges




Documents Archives municipales
Chapelle des Pénitents noirs
57 rue de la Banasterie
LES PENITENTS BLANCS

La confrérie des Pénitents blancs des Cinq Plaies de Notre Seigneur Jésus Christ fut fondée en 1527 par des gentilshommes avignonnais avec l’appui des Carmes Déchaussés, avec pour vocation le soin des malades.
Ils portent une tunique blanche frappée du cœur de Jésus et de la couronne d‘épines. Ses statuts spécifient : «Ceux qui voudront se donner la discipline pendant la procession ne devront pas le faire avant la fin de l'office sous peine d'être privés d’assister a la procession. Au retour , ceux qui se seront donnés la discipline se rendront à l'infirmerie de la confrérie où le recteur donnera des ordres pour les soigner et les guérir».
Les blancs sont parfois nommés, depuis le XIVème siècle, Gonfalon, du nom de la confrérie fondée en 1267 par saint Bonaventure, théoricien et organisateur des confréries (voir leur emblème ci-dessus).
En 1564, Charles IX et Catherine de Médicis en font partie ; dix ans plus tard, c’est Henri III, passant par Avignon, qui se fait recevoir au nombre des Pénitents blancs. Revêtu du costume de la confrérie, il assiste avec les principaux seigneurs de sa cour à la procession dont il a pris la tête, pieds nus, un cierge à la main. Il veut même porter quelques instants la croix à la tête des confrères. Il pleut toute la journée sans interrompre la procession, ce qui fait rire et se moquer les spectateurs. Quelqu’un improvise une chanson qui court aussitôt partout :
Après avoir pillé la France
Et tout son peuple dépouillé,
N’est-ce pas belle pénitence
De se couvrir d’un sac mouillé !
Cependant, séduit par la piété des participants, Henri III instituera en 1583 à Paris la Confrérie des Pénitents blancs de l'Annonciation Notre-Dame dont il deviendra un membre actif.

Pierre Grivolas - Musée Arlaten, Arles


Imagerie populaire :
la procession d'Henri III et la dévotion à la Vierge

A Avignon en 1920

Les Pénitents blancs sont probablement la plus prospère des compagnies d’Avignon, car un texte de 1572 porte plus de cent signatures.
Après l’interdiction des confréries par la Révolution et leur réimplantation à la Restauration, les vocations reprennent, et les confrères s’emploient à retrouver le faste ancien. La messe de 11 heures le dimanche devient la plus populaire d’Avignon.
Quand la tradition des processions prend fin, en 1880, les Pénitents blancs consacrent tous leurs soins à l’éclat de leurs cérémonies, mettant en valeur le folklore musical et les traditions avignonnaises, en particulier aux fêtes de Noël.
L'historien Joudou écrit : «Qu‘est devenue cette chapelle si coquette, où retrouver ce plafond aux caissons dorés, cette richesse de sculpture, ces tableaux de Mignard, ce luxe d'argenterie ciselée, ce jardin mignon où se célébraient les agapes dominicales par de copieuses libations et par ce ragoût tant vanté dont le nom reste à la confrérie en mémoire de son talent culinaire...»
En 1948 le dernier recteur de la confrérie, Honoré Vernet, âgé de 86 ans, devant les difficultés matérielles et le manque de nouvelles recrues doit mettre fin à la confrérie en confiant tous ses documents au président de l’association paroissiale propriétaire des lieux.

Honoré Vernet
L’église des Pénitents blancs
Notre-Dame la Principale fut fondée par le roi lotharingien Boson V, roi de Bourgogne, ce qui incluait la Provence. Elle est reconstruite au XIIIème siècle en style roman, puis transformée, notamment la nef, au XVIème et érigée en collégiale en 1584 par l’archevêque d’Avignon ; elle est de nouveau remaniée par Jean-Baptiste Péru fils, en 1758. Après la Révolution, le chœur disparaît, transformé en appartement privé. Ce n’est qu’à la Restauration, en 1816, que les trois confréries principales d’Avignon peuvent se reconstituer. L’ancienne chapelle des Dominicains, où les blancs se réunissaient auparavant, étant dévastée, ils trouvent refuge à Notre Dame la Principale grâce à son achat par un membre de la confrérie, et elle prend alors le nom d’église des Pénitents blancs.
Aujourd’hui dépouillée de ses magnifiques tableaux de Pierre et Nicolas Mignard et de Pierre Parrocel, c’est une salle de spectacle affectée au Festival d'Avignon et à l'Institut supérieur des techniques du spectacle. Son grand autel de bois doré a été déplacé à la chapelle de l’Oratoire rue Joseph Vernet.



Décor d'origine
et état actuel

Eglise des Pénitents blancs - Place de la Principale
les Pénitents bleus

Pénitent bleu de Toulouse (toujours actifs dans la région)
En 1547, un groupe de confrères quittent les Pénitents blancs pour établir la confrérie des Pénitents bleus de Notre Dame de Pitié. Ils achètent un terrain dans l’enclos des Carmes et y construisent une chapelle.
Au XVIIème siècle, Avignon est gouvernée par des vice-légats qui n’y résident pas, le plus célèbre étant le cardinal Mazarin. Louis XIII en personne avait adhéré aux Pénitents bleus de Toulouse.
Un ouvrage de 1762 mentionne que Charles de Lorraine, cardinal et archevêque de Reims, qui en 1574 avait, en tant que membre des Pénitents bleus, participé pieds nus à la procession organisée sous une pluie glaciale par Henri III, « mourut d’un coup d’air après avoir porté la croix ».
Supprimée en 1744 à l'instigation des pénitents noirs de la Miséricorde, comme les violets et les rouges, la compagnie des pénitents bleus est rétablie deux ans plus tard mais ne perdure pas au-delà de la Révolution.
les Pénitents VIOLETS
Au XVIIème siècle Avignon est soumis à l’autorité des Vice-légats, toutes les fonctions dévolues à des Italiens et les actes officiels rédigés en italien, alors que le peuple parle le provençal. L’arrogance des gouverneurs ajoutée aux abus de l'administration et aux lourdes impositions provoquent la « fronde avignonnaise ». Les pevoulins (vauriens) et les pessugaux (pressureurs) s'affrontent, des barricades sont dressées dans Avignon, des hôtels pillés et incendiés.
Un calme précaire ne revient qu’en 1659. C’est à la suite de ces troubles, en 1662, qu’une scission chez les Pénitents bleus provoque la création des Pénitents violets de la Sainte Famille. Elle s'installe dans un oratoire dédié à Saint Joseph, sur l’actuelle place du Grand-Paradis. Les façades de l'édifice sont refaites en 1740 sous la direction de Jean-Baptiste Péru père.

Bien qu’ouvertes à toutes les catégories sociales, les confréries étaient souvent soumises aux influences des princes et des nobles. Les violets commencèrent à s’en affranchir.
Cependant, à l'instigation du recteur Manne des Pénitents noirs, grand savant et riche philanthrope mais aussi d’une ambition forcenée, la confrérie des Pénitents violets est supprimée en 1744, de même que les bleus et les rouges. Après des protestations véhémentes et une supplique de ces trois confréries, soutenues par les blancs, aux consuls de la ville à propos de l'interdiction de leur chapelle et de la séquestration de leurs biens, elle est rétablie en 1748 et se maintient jusqu'en 1792.

La chapelle
Les façades de la chapelle des Pénitents violets sont inscrites au titre des Monuments historiques en 1966, mais elle est alors très délabrée. Depuis 2000, elle a été acquise et restaurée par la compagnie du Théâtre des Amants qui a conçu l’espace scénique et la salle pour accueillir des spectacles d’arts vivants.
Chapelle des Pénitents violets
Théâtre des Amants
Place du Grand Paradis
les Pénitents rouges
La réaction des Pénitents violets contre la mainmise des grandes familles avignonnaises s’accentue avec la scission au sein de leur confrérie, donnant naissance à celle des Pénitents rouges de Notre-Dame de Consolation (ou de Réconciliation) autorisée par une ordonnance de l'archevêque d'Avignon du 3 mars 1702. Ils recrutent leurs confrères parmi les résidents modestes du quartier des Infirmières.
En 1738, les Pénitents rouges commandent auprès de Thomas Lainé la façade de leur chapelle, située à l’angle des rues Carreterie et des Infirmières, face à la « Belle Croix » couverte, édifiée en commémoration de la fin du Grand Schisme. Il ne reste malheureusement rien de la Belle Croix d'origine, ni de la chapelle sinon un trompe-l’œil.
«Le 21 décembre jour de Saint Thomas, les Pénitents Rouges commencèrent leurs prières et leurs fonctions dans la chapelle qu'ils avaient fait bâtir vis-à-vis la Belle Croix à la Carreterie. Ils obtinrent de Monseigneur l'archevêque de quitter leurs habits rouges et de s'habiller de blanc avec un cordon rouge à la ceinture», note Laurent Drapier dans son journal.
Restés modestes en comparaison des autres confréries d'Avignon, les Pénitents rouges disparaissent en 1792. Le 15 janvier 1793, «vis-à-vis la ci-devant Belle Croix, on a pendu le roy et la reine en mannequin à la lanterne, en effigie».


Pénitents rouges à Nice - 2016
Les femmes portent la mantille.